En direct du Café des Sports…


Eric Platel s'est vu confier les clés du “Café des Sports”*.
C’est de ce lieu qu’il nous adressera, selon l’humeur, selon l’envie,

ses petites histoires, ses petites nouvelles, ses coups de griffe, ses coups de cœur…
* Dommage, la clé de la cave ne figure pas dans le trousseau et la Coupe du Monde a lieu pendant les vendanges.

9 – 29 septembre 2011
Archibald découvre "Le Dimanche…
Poum et Archibald sont  restés, seuls, au Café des Sports. On a signalé une poussée de cèpes au bois de Nemours. Résultat, fuite générale, tout le monde est "aux champignons"!
- Excusez- moi monsieur Poum, c'est quoi cette chanson?
- Quelle chanson?
- Celle que vous chantez, là, maintenant… "Si tu n'as jamais joué… 
- Ne me dis pas que tu ne connais pas "Le Dimanche à 15 heures"?
-…
- Il faut l'apprendre, petit. Certains ont dit que c'était la plus belle chanson jamais écrite sur le Rugby. Jacques Verdier, un des patrons de Midi Olympique –il est même Rédacteur en Chef, ce n'est pas rien- s'est fendu d'un superbe article sur cette chanson. 
- Un article dans Midi-Olympique?
- Oui, ne bouge pas, je vais le chercher
Archibald profita de ce qu'il étai seul pour gouter le Chinon Vieilles Vignes de Pierre Couly . Quel beau fruit!
Poum revint avec un lourd dossier. Il chaussa ses lunettes et entreprit ses recherches dans un dossier-foutoir. Foutoir peut être, n'empêche qu'il retrouvait tout. Il retira quelques feuilles et referma le dossier en tirant fortement la sangle qui craquait, craquait mais tenait bon.
- Tiens, mon petit Baa-Baas. Voilà les paroles du Dimanche à 15 heures.
- Merci, monsieur Poum. Et pour la musique?
- Ecoute le CD de David.
- Et l'article et les autres feuilles?
- On verra ça demain… ou un autre jour……Tiens je vais demander à Ydan de mettre les paroles du "Dimanche…"  à la suite.
- Merci monsieur Poum. Mais qui a écrit cette chanson?
- Mais tu le connais! On en reparlera. On parlera aussi de la version en anglais… Poum, pressé, s'en alla, reprenant la chanson devenue "Saturday at three". Entendre Poum chanter ""At the first autumn leaves" vaut son pesant de piment d'Espelette!
8 – 26 septembre 2011
Curieux métier
Par la fenêtre, un rayon de soleil printanier se jouait de la robe d'or d'un Château de Fargues. Lumineuse et fugitive image. Archibald avait apporté ce Sauternes parce que: "Avec le foie gras, on ne saurait trouver mieux!". Il s'empressa de le remettre "au frais".
Aujourd'hui, ses amis Pim, Pam, Poum avaient un invité. Attention, cet invité connaissait des gens importants, très importants. Des notaires, des sénateurs! Même des artistes et des chanteurs! Même des hommes politiques! Et puis surtout, des Dirigeants de la Fédé… de ceux qui décident, pour les places du Tournoi… C'est vous dire l'importance de cette visite. Archibald avait également cru comprendre que l'invité exerçait un curieux métier. Il était, paraît-il, le seul en France à l'exercer. Tout cela l'intriguait beaucoup. Pour faire sérieux, il emprunta à Pim une cravate F.F.R. Trop serrée, elle l'étranglait un peu.
L'invité arriva à midi, comme prévu. C'était un petit homme souriant et décontracté. Il avoua "que le Sauternes était son péché mignon". Quant aux places pour France - Galles… "c'était pas gagné". Mais comme il disait cela à chaque match, ses amis Pim, Pam, Poum n'étaient pas réellement inquiets.
A table, Archibald retira sa cravate, inutile et incongrue, et choisit de s'asseoir face à l'invité. Par politesse, il attendit un court instant puis profita du premier silence venu pour poser une question:
- A ce qu'on dit vous avez un métier…
- Bien sûr, j'ai un métier!
- Mais…. Mais ce que je veux dire… C'est quoi exactement votre métier?
- Je suis interprète
- Ah! interprète! Mais ils sont nombreux en France, les interprètes…
Archibald était déçu. Puis un sourire éclaira son visage:
- Ca y est, j'ai compris! Vous devez être celui qui parlez et écrivez le plus grand nombre de langues. C'est ça, j'en suis sûr. Combien de langues parlez-vous?
- Moi… une seule! La langue française!
- Comment? Une seule? Mais pour traduire il faut bien… au moins…?
Archibald était perplexe
- Attendez. Si je comprend bien vous traduisez du français… en français?
- C'est un peu ça. Bon! Je vous explique. Il y a des personnalités, des gens connus qui parlent souvent à la télé ou à la radio, mais personne ne comprend ce qu'ils racontent. Ils ont un trop fort accent. Ils parlent trop vite. Ou les deux!
- Et alors?
- Moi, j'ai l'habitude. Je les ai écoutés longtemps et je les comprends. En articulant et à vitesse normale, je redis leurs mots, ceux qu'ils ont machouillés, marmonnés, mutilés, massacrés…
- Vous avez des noms? 
- Mais vous les connaissez comme moi. Je ne peux pas tous les citer. Impossible! Mais tiens, restons dans le domaine sportif, voici deux très sérieux clients… 
Le premier, Patrick Grivaz, un excellent journaliste de France Inter et puis…
- Et puis ?
- Vous ne voyez pas?
- Non!
- Bernard Laporte 
7  - 23 septembre  2011
 Micro ouvert 
Archibald, sérieux, solennel, s'approcha de la table où Pim, Pam, Poum, une fois de plus, comparaient les qualités des différents têtes de mêlée actuelles ou anciennes. Allez savoir pourquoi, la conversation avait légèrement bifurqué. On en était, maintenant, aux vertus respectives de ces trois cépages, sauvignon, viognier et chardonnay.  Comme à l'habitude, ça discutait ferme!
- Messieurs… messieurs, merci de m'accorder quelques petites minutes d'attention. Je vous rappelle que je suis journaliste…u enfin presque. Midi-Olympique me réclame. L'Equipe me supplie. Le Monde est à mes pieds. Mais je reste modeste et je réfléchis. Merci de m'écouter. Je voudrais vous lire, maintenant, mon article, consacré à la belle victoire de l'Irlande sur l'Australie.
- On t'écoute mon petit Ba-Baas
- Je commence: Samedi le trèfle a mangé du Kangourou
Jamais, au grand jamais, Archibald n'aurait pensé, un seul instant, déclencher une telle hilarité.
- C'est pas possible! 
- C'est le contraire! 
- Un kangourou c'est un herbivore! 
- C'est n'importe quoi!  Qu'est-ce qu'ils vont dire les paysans en entendant une connerie pareille!
- Mais c'est une image…
Rien n'y fit. Des rires et des rires. Avec de grandes claques du plat de la main sur la table.
Vexé, Archibald, tête haute, visage fermé se retira dans un mouvement d'épaule méprisant.
Envahi par le doute il changea son titre pour revenir à un classique:
Samedi l'Irlande a battu l'Australie
Le reste de l'article resta inchangé.

6  - 23 septembre  2011 – 
HIGH-TECH
Le Président de la Fédération de Rugby  était furieux. Qui avait donné, à cet inconnu, son numéro privé, sa ligne directe?
- Nos chances de remporter la Coupe du Monde de Rugby sont nulles… Et alors... Et d'abord qu'en savez-vous? Et qui êtes-vous? Je me fous de ce que vous a dit mon DSCA….
Il raccrocha et appela le Délégué Sportif aux Compétitions "Amateur"
- Je vous attends… Oui tout de suite!
L'accueil fut glacial. Assis au bord du fauteuil, blanc comme un linge, tendu, la gorge sèche, il raconta, il avoua… tout. L' invitation anonyme et confidentielle. Pourquoi, lui? Il n'en avait pas la moindre idée. Son serment de garder le secret absolu, de ne divulguer ni lieu ni jour ni rien de ce qu'il allait apprendre ou voir. L'impression malsaine ressentie en découvrant qu'il était le seul spectateur d'une véritable cérémonie initiatique. Et cette bien étrange démonstration, parfaitement réussie d'ailleurs ! 
A son retour, pas un mot. Oui, il avait tout gardé pour lui. Maintenant, presque soulagé, il racontait. Une véritable confession, sans omettre le moindre détail. 
Le petit stade isolé, désert et lugubre, les poteaux frissonnants de froid. Les quatre hommes surgis de nulle part. L'inventeur, il se présenta ainsi, volubile et agité, un deuxième homme porteur de curieuses lunettes, les poings enfoncés dans les poches de son imperméable. Le troisième, à en croire son badge et son gabarit, un agent dit "de sécurité". En retrait, un ancien demi d'ouverture qu'il reconnut tout de suite. Survêtement, chaussures à crampons et dans les mains, un ballon de rugby. Un ballon des plus classiques, enfin … presque. 
  L'inventeur du R.D.T. (Rectificateur De Trajectoire) expliqua:
- Au cours d'un match, lorsque votre équipe obtient une pénalité, ou, dans le cas d'un essai, une transformation, le botteur en plaçant son ballon, en profite pour appuyer discrètement et simultanément sur les deux extrémités, ou si vous préférez, sur les deux pointes du ballon. Il active ainsi, pour une courte période de 3 à 4 minutes, un dispositif électronique de guidage indécelable, implanté dans le ballon. Son comparse, un véritable génie des jeux électroniques, grâce à ses lunettes spéciales et aux télécommandes dissimulées dans ses poches, rectifie, si besoin est, la trajectoire et … le tour est joué!
Le lendemain, même heure, même voix: 
- Allo… Président? Je peux vous aider… Un jour, vous gagnerez contre la France…Écoutez-moi… Un jour, vous gagnerez la COU…
Le Président, de plus en plus irrité, raccrocha sans un mot et fit immédiatement suspendre sa ligne directe.
Au téléphone, quelque part, quelqu'un composait déjà un autre numéro:
- Allo… le  Président de la Fédération de Football?

16 septembre 2011
 Un étrange exercice
Le patron du Café des Sports, selon son habitude, avait ouvert en grand son quotidien sur le comptoir. 
- Tiens, écoutez ça :
David Olaïzola, Ydan Sarciat, les musiciens et choristes de Hats Berri s'envolent le 20 septembre pour la Nouvelle-Zélande. Là-bas ils vont chanter… chanter…chanter, pour toutes et tous, sans oublier le public "local".  
- Ah Bon! Ils ne vont quand même pas chanter en Anglais?
- Mais si! Pourquoi? Attendez. Je reprend:
Sur une musique de Christian Ramis, David Olaïzola avait écrit les paroles d'une chanson "Le stade chante", chanson qui figure sur le CD "Un Monde Ovale".
Eric  Platel a pris sa plume "spéciale Rugby" pour écrire, sur cette musique, une version "Nouvelle-Zélande" avec la même petite strophe en Anglais au début de chaque couplet.
Cette chanson se veut festive et rend hommage à l'amitié, la fierté, l'hospitalité du peuple Maori dont la culture ne se limite pas au célèbre Haka. 
Elle s'intitule Greetings brothers dont le sens est Salut et souhaits, mes frères 
A la page suivante vous découvrirez le texte complet de cette nouvelle version ainsi que la traduction de la strophe "anglaise". 
Malheureusement ni David, ni les membres de Hats Berri ne possèdent la langue de Shakespeare. Pour apprendre et chanter ces quatre vers, ils ont eu recours à la phonétique. Nous avons pu nous procurer ce document de travail qui vaut son pesant de cerises!
Le voici, précédé du texte en question
In New Zealand
All together
Greetings my friend
Greetings brothers
Phonétique
In le ine de mine de crayon
New        niou
Zea Zi de Zizi
land entre lund et land
All Le hall d'entrée
to tou de toutou
ge le gué d'un ruisseau
ther Zeur comme "sonnent les heures
Gree Gris, comme la couleur
tings le sing de sing-sing, (la prison américaine) et un s à la fin
my Maille, comme la moutarde
friend Un frein (avec un d à la fin)
Gree
tings
bro comme un broc (sans le c)
thers Zeurs (le s de la fin se prononce)
Attention: Les anglophiles et tout ceux ayant comme langue maternelle, la langue anglaise, ceux qui ont bien ri et se sont bien moqués de nos efforts, sont invités, à l'issue de la Coupe du Monde, à pratiquer un exercice similaire, mais avec des mots de la langue Basque. Nous commencerons, si vous le voulez bien par le nom de notre village qui se nomme: ITXASSOU. Sa spécialité, la cerise!
Greetings brothers
1 - In New Zealand
All together
Greetings my friend
Greetings brothers
Salut mon frère
Salut l'ami
Grand peuple fier
Des Maori
2 - In New Zealand
All together
Greetings my friend
Greetings brothers
Sais-tu qu'en France
Tous les enfants
Dansent tes danses
Chantent tes chants
3 - In New Zealand
All together
Greetings my friend
Greetings brothers
Dis-moi l'histoire 
Des Maori
Des hommes en noir
De leur Rugby 
* Traduction de la strophe en Anglais
En Nouvelle-Zélande
Tous ensemble
Salut à toi l'ami
Salut à vous mes frères

4 – Archibald
14 septembre 2011
- Qu'est-ce qu'il a, Patron, ce matin, notre journaliste? Il fait la gueule ou quoi? Et vous, ça n'a pas l'air non plus d'aller très fort?
- C'est vous, oui vous trois, avec vos conneries…
- Qu'est–ce qu'on a encore fait?
- Ouais, vos conneries de piliers…
- Dites donc, Patron, c'est quoi cette embrouille?
- Vous ne voyez pas? Vous ne voyez rien?
- Ben, non…Mais je prendrais bien un café.
- Moi, ce que je vois c'est que ce matin, Archibald, il n'a rien apporté. Pas la moindre bouteille! Et il boude dans la pièce à côté. Et tout ça, à cause de vous, de vous trois…
- …
- C'est vrai, avec cette manie –il n'y a qu'au Rugby et surtout chez les avants que l'on voit ca - oui cette manie de donner à chacun, un surnom…
- Un diminutif! Mais c'est gentil, c'est affectueux!
- Un diminutif si vous voulez! Et allons-y avec vos JoJo, Dédé, Lolo, Lulu et j'en passe! Et Archibald, vous croyez qu'il est content de s'entendre appeler Ba-Balle? Vous aimeriez ça : Va jouer à la baballe… Allez, rapporte la baballe…!
Poupou, dit Poum se leva:
- J'ai une idée. Laissez-moi lui parler.
Dix minutes après il était de retour:
- C'est arrangé. A partir de maintenant, Archibald c'est… Baa-Bas
- Et il a accepté?
- Bien sûr qu'il a accepté et il en est même très fier quand je lui ai dit qu'on appelait Baa-Bas les Barbarians de Jean-Pierre Rives.
- Et où est-il passé… Baa-Bas?
Il veut nous faire goûter un Fleurie dYvon Métras. Il est parti chercher la bouteille.
 3 – Le Maillot 
12 septembre 2011
Pam et Poum regardaient le vin, un Givry de Joblot, tournoyer dans leur verre. Ils avaient un jour entier devant eux.
- Alors ce maillot blanc, ce nouveau maillot? 
- De l'équipe de France de Rugby?
- Non… de tricot!
- Faut pas t'énerver…Le maillot Robuchon?
- Qu'est-ce que tu racontes? Qu'est-ce que l'un des meilleurs cuisiniers du monde vient faire ici?
- Parce que, ce maillot de rugby a un col qui ressemble à celui de la veste des "Meilleurs Ouvriers de France". 
- Ah oui! Ceux qui ont un col bleu, blanc, rouge?
- C'est ca. Comme Robuchon!
- Sauf que les nôtres ont les trois couleurs derrière

- Exact! Alors ce maillot?
- Pas mal. En tout cas il est mieux que…
- … celui de l'équipe de France de Foot!
- T'as vu ce maillot? Curieux. Blanc… avec des cercles…
- Un vrai maillot de marin.
- D'ailleurs ca s'appelle une "marinière", je crois
- Il paraît qu'ils vont aussi changer d'hymne
- La Marseillaise? Et ils vont la remplacer par quoi?
- Par une chanson…
- Une chanson connue?
- Très connue
- Elle a un titre, cette chanson?
- Il était un petit navire

 2 – PIM. PAM. POUM 
8 septembre 2011
Alors les voilà ces inséparables, unis comme trois joueurs de rugby. Comme trois joueurs de rugby de première ligne, s'entend. Normal, pendant de longues saisons ils ont labouré ensemble, à s'en user les crampons, tous les terrains de la région. 
Ah la belle première ligne que voilà! 
Puissance, humilité, sacrifice, fierté… Des mots ayant un sens. Des seigneurs! Chapeau bas!
En pilier droit, Laurent Pimoulet, dit Lolo, dit PIM, massif, énorme, silencieux  presque taciturne, un faux dur au cœur tendre. 
Au "talon", Gérard Pamier, dit Gégé, dit PAM, rusé, filou, amateur de bonne chère et de vins, grand déclencheur de bagarres et recordman de "cartons" de toutes les couleurs. 
A gauche, Maurice Poumillat, dit Poupou, dit POUM, la hantise des arbitres, le verbe haut et une imagination qui lui permettait de se justifier, la main sur le cœur, quel que soit le forfait dont il était accusé. Soupçonné d'avoir agressé un arbitre, ses explications, véritable plaidoirie écrite valant son pesant de cartons rouges, seront reproduites dans un prochain "papier". Féroce "spectateur-commentateur" des retransmissions télévisées, avec pourtant de sérieuses lacunes dans la connaissance des règles, il affiche un manque d'intérêt évident pour tout ce qui n'est pas maul ou mêlée.
Il chante merveilleusement bien.
PIM - PAM - POUM, ça ne s'invente pas.  Quoique comme dirait Raymond Devos, quoique?
Le patron voulut se servir un fond  de verre de Chablis "Vaillons" de Vincent Dauvissat mais la bouteille était déjà vide:
- Dommage! Demain… le Japon… à quelle heure le match? 
Et qu'est-ce qu'on boit?

1 - Le décor
7 septembre 2011

Un micro discret. Un patron du Café des Sports, complice. Un accord tacite de nos trois compères pas peu fiers d'avoir été sélectionnés. 
Trois hommes, trois anciens joueurs. Une autre vision. Un autre angle. La Coupe du Monde de Rugby vue et décortiquée de la salle ou de la terrasse (selon le temps) du café d'un petit village, quelque part en France. 
Alors, chaque jour, plantés devant le grand écran plasma flambant neuf, ils vont tenir rubrique, sans la moindre contrainte. Ni censure,  ni obligation. Liberté totale. Y compris de ne rien dire s'il n'y a rien à dire. 
Le jeune Archibald, journaliste en herbe, sera de la partie. Bien que n'ayant aucune connaissance réelle du jeu et n'ayant jamais touché un ballon, il  sait beaucoup de choses et a été admis par le trio. Au moins deux raisons à cela. Tout d'abord une admiration, presqu'une dévotion pour ces hommes ayant passé leur (belle) jeunesse à se retrouver chaque dimanche dans des combats pluvieux et fratricides, souvenirs glorieux ou cocasses, évoqués dans de grands rires ou même, parfois, des larmes dans la voix. 
Et puis aussi peut-être, soyons francs, à cause de ces merveilleux flacons prélevés, un à un dans les loges d'une cave familiale délaissée par madame Archibald-mère, ignorant tout des trésors accumulés par son défunt mari.
Cérémonial immuable. Archibald sort lentement "la" bouteille de son sac de papier kraft. Le patron du Café des Sports quitte un instant son comptoir, chausse ses lunettes, détaille l'étiquette, hume, goûte, s'exclame, s'enflamme. Puis il sert le vin. Avec toute la solennité voulue et le souci, apprécié de tous, d'obtenir, dans chaque verre, un niveau rigoureusement identique.
Pour la Coupe du Monde, Archibald a promis "des flacons à la hauteur". Attendons !